Exposition Kurt Wahlen 1974 - DER BUND
Écrit le 7 novembre 1974
Du 7 novembre 1974 au 23 novembre 1974
Traduction :
Dans les Galeries Bernoises
DANS L’INCONNU DES PROFONDEURS DE L’ÂME
Richard Appréderis à la Galerie Kurt Whalen
Richard Appréderis travaille avec les moyens d’expression du Réalisme, minutieux – on aimerait presque dire : trop précis – et de ce travail de virtuose naît une authentique réalité abstraite à deux dimensions mais il ne s’agit pas de la Réalité du Conscient. Sans doute tous les éléments du quotidien sont connus, mais ils sont « Paratactiquement » en relation entre eux et, de cette façon le peintre essaye de rendre visible la Réalité du Rêve sur le plan et avec les moyens du Conscient – un projet non dépourvu d’ambition.
Voilà la femme enceinte, près de son terme, du nombril croît l’arbre de vie en fleurs, sa racine est l’oiseau mythologique non encore envolé. Voici un tableau dans lequel, dominant dans l’horizontale du giron symbolique, un enfant d’environ cinq ans fait signe aux contemplateurs ; directement au-dessus et – en se reflétant à la manière des cartes de jeux – un buste de femme figé ; à gauche et à droite, à l’horizontale, les ombres de ces portraits : « Tu feras l’enfant, il te surpassera ». Et puis il y a des collines et entre elles des vides, de l’eau, des arbres. Des têtes de femmes transparentes, posées sur ces paysages, semblent directement fixer le spectateur de quelque angle que celui-ci regarde l’image. Œufs, oiseaux – un ensemble presque complet de symboles mystiques – suffisant pour visualiser « L’Inconscient ».
Les tableaux demandent une interprétation, invitent à un long et aventureux voyage dans les profondeurs, pour la plupart inconnues, de l’âme. Par là le peintre se situerait dans la tradition des alchimistes graveurs sur cuivre, et ses tableaux seraient une invitation à la réflexion sur la finalité de l’être, sur les mystères de la vie et leurs rapports. Ils pourraient être comparés – abstraction faite de leur brillante technique – aux dessins de petits enfants dont les sujets apparaissent aux adultes d’abord décoratifs, mais pouvant raconter des histoires pendant des heures.
Toutefois, ce qui concerne « L’Inconscient » n’est tout de même pas aussi simple, et ici la possibilité de connaissance devient problématique. Par la parfaite « Maîtrise » esthétique de certains éléments, le peintre rend l’accès à son « Monde Inconnu » par trop facile et masque ce dernier par la possibilité d’une apparente conception, peut-être autant qu’il le dévoile. L’exposition à la Galerie Kurt Wahlen dure jusqu’au 23 novembre.
BERN, Jeudi le7 Novembre 1974Page 39 « DER BUND » Nr. 261
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